Comment concilier la densité toujours plus élevée du trafic ferroviaire et la sérénité des équipes qui interviennent au ras des rails ? En Suisse, le référentiel RTE 20100 apporte la feuille de route à suivre : il décrit les marges d’éloignement, le code couleur des drapeaux, les délais d’alerte et les journaux numériques que chaque chef de chantier doit renseigner. Entrée en vigueur dans sa septième édition le 1ᵉʳ juillet 2024, cette norme fédérale vise l’unification des pratiques de Genève à Bellinzone, afin que l’information circule avec la même clarté quelle que soit la topographie ou le gestionnaire d’infrastructure. 

RTE 20100, socle réglementaire d’une prévention harmonisée

La norme RTE 20100 pose d’abord les distances minimales entre ouvriers et matériel roulant : vingt-cinq mètres pour un train à 160 km/h, quinze mètres sous 120 km/h, valeurs que l’équipement d’alerte automatique doit offrir pour libérer la voie. Les pages consacrées aux signaux prescrivent l’usage combiné du drapeau rouge, de la corne manuelle et des lampes à éclat, afin de garantir une perception identique de jour comme de nuit. 

Pour appliquer au quotidien les prescriptions du RTE 20100, une entreprise de sécurité ferroviaire en suisse telle qu’Innov-concept par exemple, mobilise un chef de la sécurité, un protecteur chargé des alarmes et une sentinelle postée hors du gabarit. Cette organisation s’appuie sur un planning partagé avec le régulateur, tandis que chaque alerte déclenchée par les détecteurs Autoprowa® rejoint instantanément la tablette SSE2 du responsable. 

Des fonctions certifiées pour surveiller chaque étape du chantier

Le référentiel attribue à chaque poste un acronyme et un cursus précis. Le CS (chef de la sécurité) valide les coupures de voie et transmet les horaires de reprise ; le CoC (coordinateur de chantiers) gère la cohabitation de plusieurs équipes ; le Prot (protecteur) actionne sirène WGH et flash WGL dès qu’un essieu est détecté ; la Sent (sentinelle) confirme visuellement l’évacuation ; le DS (distributeur de signaux) installe panneaux et pétards. Les examens périodiques, organisés selon l’annexe I-50209, testent la maîtrise des procédures et la résistance au stress. Entre deux sessions, les attestations de formation R RTE 20100 restent accessibles aux auditeurs de l’Office fédéral des transports. 

Ces missions s’inscrivent dans un paysage réglementaire cohérent : la loi sur les chemins de fer confie au gestionnaire d’infrastructure le soin de vérifier la disponibilité des dossiers de sécurité, tandis que les compagnies privées gardent la responsabilité des EPI et de la trame horaire locale. Ainsi, chaque intervenant sait qui supervise, qui alerte et qui documente chaque micro-événement.

Une septième édition tournée vers la digitalisation et l’audit temps réel

La mise à jour 2024 encourage la collecte automatique de données : compteurs d’essieux connectés, balises Bluetooth pour géolocaliser les équipes, tableaux de bord partagés avec le régulateur. Ces innovations répondent à l’objectif « zéro incident » fixé par l’OFT : analyser chaque quasi-collision pour améliorer l’implantation des dispositifs ou la phonie. Conjointement, la formation continue intègre des modules réalité virtuelle, permettant aux nouveaux arrivants de s’entraîner sur des scénarios de nuit ou sous intempéries sans immobiliser de tronçon réel. Les premiers retours terrain montrent une réduction de quatre-vingt pour cent des arrêts imprévus, tout en maintenant la cadence des trains de fret, signe que la prévention numérique sert aussi la ponctualité globale. 

L’uniformisation réglementaire, l’exigence de certification d’une entreprise agréée et le virage numérique composent un dispositif où chaque acteur dispose d’outils et de repères précis pour intervenir en toute confiance. Les futures évolutions miseront sans doute sur l’intelligence artificielle embarquée et les capteurs de proximité installés sur les locomotives : de quoi rapprocher encore la Suisse de l’objectif « zéro accident » tout en fluidifiant la maintenance des voies.